Oui, mais … Spécialisée en quoi ?

J’ai plus d’mots …

Embêtant pour quelqu’un qui écrit non ? En même temps, ce qui s’est passé juste entre ces deux derniers jours m’a laissé sans voix (et pour ceux qui me connaissent dans la vraie, il savent que me laisser sans voix c’est rare. On a plutôt tendance à me dire « tu parles trop » …). Parce que le nombre de visite, si épisodique soit il a quintuplé en deux jours, et que ça veut dire que des personnes qui ne me connaissent ni dEve ni d’Adam ont été un instant touchées par ce que j’ai écrit. Juste un instant. Et ont même commenté pour certains, des témoignages bienveillants (ou presque ^^) où chacun dit s’y retrouver un peu dans mes écrits.

Alors je me dis que je ne suis pas seule. Mon égo comprend que je ne suis pas unique, et que nous sommes beaucoup, et là ma raison ne saisit plus trop ; si on est tant que ça à galérer, pourquoi est ce qu’on nous entend pas quand on crie ?

Ha pardon si. Quand y’a un reportage choc de M6 ou TF1 sur « les établissements accueillants des handicapés : maltraitances et violences », là on entend les bonnes gens, on leur donne le cromi (wesh) et … et en fait rien, parce que généralement, le trait est grossi, déformé, violenté, au mieux il fera savoir que les éducs existent, au pire, et le plus souvent, il fera dire que nous sommes des monstres qui enlevons les enfants à leurs parents pour les traîner nus dans tout l’établissement en leur chantant du Patrick Sébastien (l’image est forte, je sais). Ce qui est fou, c’est que par contre, quand un cas de maltraitance est averré, qu’on fait tout pour le dénoncer, y’a plus personne pour nous le tendre ce cromi, pour qu’on parle de ce qu’on voit. J’en ai vu de la maltraitance. J’ai tout fait remonter. A toutes les instances qui ont des noms chelous, l’ASE, le CD, au siège de l’association, et même aux CRS (bon, à la police, mais c’était pour l’acronyme). Et il ne s’est pas passé grand chose. M’a t on donné la parole ? Mmmh, disons qu’on ne me l’a pas reprise. C’est toujours ça de pris … mais pour combien de temps ? Si aujourd’hui je me remobilisais pour une cause que j’estime juste, combien seront là à m’écouter ? Me croire ? Et combien à me faire taire ?
Comme dirait ce grand penseur Yannick « que tout ce qui sont dans la vibe, LEVENT LE DOIGT ! ». Mais on le lève, fort parfois, puisque j’ai déjà vu des grèves mobiliser le plus grand nombre, et nous, qui nous organisions comme des cons pour « laisser des collègues aller au cortège et que le service tourne encore ». Pourquoi ? Parce que les gosses, ils ne peuvent pas rentrer chez eux. On est vraiment très cons.

L’oubli finalement, c’est ça ; nous faire croire que nous nous battons contre une raflée d’air. Qu’à chaque fois que nous l’ouvrons, personne ne nous écoute.

Et là, en deux jours, je vois que beaucoup ont tendu leur oreilles, ouverts leurs mirettes, au même endroit en même temps.

Alors oui j’ai plus d’mots pour décrire ce qui m’est arrivé lorsque j’ai vu ce nombre de fou sur ma page, ouverte depuis plus de 6 ans, et qui n’avait aucune ambition que celle de me servir d’exutoire, et certainement pas celle se faire connaître. Bien sûr, l’engouement est retombé, et je m’en fous. Ce que je retiens, c’est qu’à un moment dans ma vie, mes mots ont rassemblé. Et que vous m’avez laissée sans voix.

2 février, 2017 à 18:16


Un commentaire pour “J’ai plus d’mots …”


  1. Audrey écrit:

    L’engouement est retombé ?! Mais non !! Il ne faut pas !!!

    Voilà plus de 15 ans que je fais ce métier. Je ne le connaissais même pas, avant de faire par le plus grand des hasard un remplacement d’été quand j’étais étudiante. Quand je traînais mes guêtres à la fac sans savoir pourquoi. Et j’ai découvert une super éduc auprès d’autistes. Elle m’a parlé de son diplôme et de tous les domaines qu’il ouvrait. Une révélation pour moi !
    Depuis je m’éclate. Je m’éclate avec les publics dont j’ai la charge mais sinon, comme beaucoup, je galère.
    Déjà première galère: être ES et femme. Cumul des tares: tu coutes cher et on cherche plus d’hommes que de femmes dans ce métier. Je suis d’ailleurs la première à prôner la parité, le sacro sain couple éducatif.
    Seconde galère: le travail en équipe. Pas toujours simple de composer avec le vieil éduc désabusé, la psycho qui a peur des jeunes, ceux qui ne respecteux pas le cadre qu’on s’est fixé ENSEMBLE en réunion (et je ne parle pas des ados mais bien des collègues), l’éduc grand frère à la vue basse … j’en passe et des meilleures … heureusement parfois tu tombes sur des équipes du tonnerre de dieu, qui te porte et tire vers le haut et avec qui tu fais des miracles.
    La troisième c’est l’évolution de nos directions de plus en plus managériales et de moins en moins dans la protection de leur équipe. Prise de risque zéro, au détriment du bien des usagers. Ouverture des parapluies à tous les étages. Si tu fais un pas du coté de la créativité, les désagréments sont pour ta pomme mais si ça marche c’est une réussite institutionnelle !! (bon ok c’est pas partout pareil, mais bon, les formations cadres vont dans ce sens)
    Enfin ben y a la politique et là, ben on pourrait écrire un livre sur l’impacte des politiques sociales sur nos métiers et le manque de moyens de plus en plus flagrant.
    L’an dernier l’équipe de prev de ma ville a été réduite de moitié par le département. Moins d’éducs plus de flics dans la rue.
    Ne parlons pas de l’état calamiteux des personnels ASE, du nombre inhumain de dossiers sous lesquels ils croulent. Le manque de places dans les foyers, les familles d’accueil les pouponnières, les CHRS …dans certains départements
    Bref tous va bien !!!

    Mais pour autant j’y crois encore, j’ai encore à donner dans ce métier. Pourtant, je sais depuis la première année de ma formation que je ne ferais pas ça toute ma vie et je prépare déjà une reconversion.

    D’ici là je lâche rien. Donc non l’engouement ne doit pas retomber. Partagez chers collègues apprenons à parler de nous, faisons nous connaitre et faisons reconnaître l’importance de notre travail dans la société. Cette reconnaissance finira par nous apporter des moyens.


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